Tout dépends de ce que l’on appelle yoga … Et parcours spirituel. Toute la confusion vient de sa codification par Patanjali il y a environ 2500 ans. Patanjali n’a bien entendu pas inventé le yoga. Je vous laisse puiser sur le web les informations sur ce Léonard de Vinci indien qui a étendu ses talents a plusieurs disciplines dont le yoga et la grammaire.
Cette codification est présentée dans son oeuvre la plus connue : les « Yoga Sutras ». Patanjali a codifié le yoga en 8 parties ou membres, d’ou le nom de ashtanga yoga auquel il fait référence (nom qui a été par ailleurs monopolisé par une école de yoga assez répandue, mais cela n’en fait pas, loin s’en faut, l’unique dépositaire de ce yoga).
les 8 membres du yoga selon Patanjali sont :
Yama, Niyama, Asana, Pranayama, Pratyahara, Dharana, Dhyana, Samadhi.
Sans rentrer dans le détail, disons que les 2 premiers sont des commandements de discipline et de moralité sociale, et les 4 derniers concernent la méditation et l’extase spirituelle qui devrait en résulter.
Le yoga « stricto sensu » est composé des Asanas (postures) et du Pranayama (exercices sur le souffle). Seuls ces deux éléments constituent le yoga que nous connaissons aujourd’hui et qui est enseigné dans les écoles de yoga. En effet, les régles de vie personnelles et sociales ne s’apprennent pas (en école de yoga en tout cas) et la méditation est un parcours individuel.
Alors pourquoi une telle confusion ? En fait, si l’on se réfère au yoga de Patanjali, le yoga ne peut être que spirituel et son seul but est le Samadhi. Mais si l’on se réfère à ce qui est enseigné et d’une manière générale, à ce qui est recherche par la plupart des élèves, le yoga est une discipline apportant le bien être du corps et la paix de l’esprit, sans aucune référence spirituelle. Mais alors, me direz vous, que font ces exercices au milieu d’une voie spirituelle ? Ils l’affûtent : la pratique des asanas et du pranayama rendent la méditation (les 4 dernières étapes du yoga à 8 membres) bien plus efficace car ils purifient le système nerveux. Difficile en effet de parvenir à une méditation optimisée avec un mental agité. La définition du yoga par Patanjali est : « l’arrêt des fluctuations du mental » , une fois ce mental contrôlé et apaisé, le sadhana (parcours spirituel) peut être mené à son terme.
Quant aux deux premiers membres, ils sont évidents : on ne se lance pas dans un parcours spirituel si on est incapable de la moindre discipline personnelle et si l’on agresse tout le monde autours de soi.
Ainsi, pour nous résumer, on peut dire que le yoga est un outil perfectionné depuis des millénaires mis au service des hommes désireux de suivre une voie spirituelle (sadhana). Mais pris séparément, asanas et pranayama constituent le yoga agnostique tel qu ‘il est pratiqué à notre époque, c’est à dire une hygiène holistique (traitant l’individu dans sa globalité physique et mentale) dépourvue de toute intention religieuse; libre à chacun d’en faire une étape de son éventuel parcours spirituel.
(Pascal Piwnica / Ateliers de yoga – Paris 14 ème)