Petit biotope yogique : Gourous, babas, veggies, …

Petit biotope yogique : Gourous, babas, veggies, ...

Si vous pratiquez le yoga depuis un certain temps et à plus forte raison si vous avez participé à des stages, vous avez déjà eu l’occasion de rencontrer ces profils originaux, souvent cocasses, parfois pénibles, mais en tout cas plus ou moins inévitables. Si vous débutez dans le petit monde du yoga, voilà quelques un de ces profils que vous serez amenés à croiser et qui enrichissent à leur manière le petit biotope yogique.

Le Gourou.

Rien à voir avec les « Gurus » qui sont de grands enseignants; le mot Guru qualifiant celui qui vous transmet la connaissance. J’ai eu le privilège d’avoir suivi, et de suivre encore les cours de grands enseignants, de « vrais » gurus qui m’ont aidé et m’aident encore à progresser. Le Gourou dont il est ici question, doté d’un niveau de pratique généralement réduit, trônant fièrement au somment de la hiérarchie de notre biotope yogique, « se la joue », profitant d’une audience souvent naïve , lui faisant confiance et s’en remettant à lui (ou elle) pour toute sorte de conseils sur des sujets n’ayant bien souvent, hélas, rien à voir avec le yoga : mode de vie, alimentation, psychologie (de bazar), sociologie, morale, philosophie (à 4 sous), etc etc …

Du coup, Mr Gourou se croit investi d’une mission et transforme une partie de ses cours en prêche enflammé (soit au debut de séance soit à la fin, mais en cas de crise de charisme ce peut être à n’importe quel moment du cours) sous le regard médusé de certains élèves qui se transforment ainsi peu à peu en « adeptes » … tandis que son école fleure de plus en plus bon la secte …

Une seule voie à suivre si vous avez la malchance de tomber sur ces spécimens : la sortie.

Le Baba.

Là encore, rien à voir avec leurs homologues indiens (quoique pour la fumette …) Le baba, se distingue par ses abondants dreadlocks et ses tenues évoquant avec plus ou moins de bonheur le babacoolisme post primitif. Le Bab’ n’est pas un grand amateur d’effort et il fréquente plutot les salles de yoga-ronron ou l’encens abonde et dont les murs sont tapissés des exploits de Shiva, Krishna, Ganesh, etc …  Exploits qu’il visualisera d’autant mieux s ‘il a fumé avant (pas des havanes …). Le baba est de compagnie agréable (ce n’est pas un grand nerveux) et son voisinage en salle de yoga est de surcroit parfaitement tolérable.

Les Veggies.

les veggies ne se distinguent des autres yogis que par leur façon de s’alimenter. Ayant décrété que manger de la viande était mauvais (ce qui, notons le au passage, est parfaitement son droit), foulant joyeusement de ses tongs au passage des millions d’années d’évolution ayant fait de l’homo sapiens un être omnivore, donc entre autres, carnivore; le végétarien est inépuisable quand aux arguments à fournir pour se justifier et non moins disert quand aux multiples manières de palier aux inévitables carences qu’implique son refus de s’alimenter normalement. Créature prosélyte s’il en est, il ne ménagera pas sa peine pour vous convaincre qu’un bon bol de jus d’herbe et quelques biscuits aux algues suffisent à son bonheur et que la seule vue d’un gigot d’agneau ou d’une bavette d’aloyau aux échalottes devrait soulever le coeur de tout humain un tant soit peu évolué. Les veggies ne sont pas repérables au premier coup d’oeil, et pas forcément cools, alors méfiez vous de votre voisinage avant de sortir votre sandwitch au poulet …

Les grenouilles de bénitier.

Plus ou moins inévitables, surtout si l’on fréquente les stages estivaux, ces pratiquants parfois ascétiques ne concoivent pas la pratique du yoga hors d’un cadre religieux (ce qui, notons le au passage, est parfaitement leur droit). Ils fréquentent généralement les salles ou l’on ne commence pas la pratique sans s’envoyer pêle mêle mantras, prières et autres invocations (à ne pas confondre avec la courte invocation à Patanjali qui se chante très classiquement en debut de cours; cette dernière tenant bien plus de la tradition que de la religiosité). Pas forcément prosélyte, ce pratiquant ne devient une gêne que lorsqu’il devient … enseignant. Auquel cas, faisant fi des croyances personnelles de ses élèves (un monothéiste ou un athée n’ayant que faire de la métempsychose), il leur imposera (avec plus ou moins de bonheur) ses couplets dont il ne doute pas un instant de la haute et indispensable valeur spirituelle. Aux élèves de faire la part des choses et, pour peu que le cours de yoga suivant sa litanie leur apporte quelque chose, laisser Mr l’abbé dire sa messe en sanskrit.

Post Scriptum : lol – Le lecteur avisé n’aura pas manqué de noter que le ton général de ce biotope yogique est humoristique. Manger (voire fumer) de l’herbe ou prier devant une statue d’éléphant est tout aussi respectable que ne le sont les usages de l’auteur de ces lignes, et, dusse son ego en souffrir, ne vous rendra pas plus bête que lui …

(Pascal Piwnica / Ateliers de yoga Paris 14 ème)